Poindimié (en langue paicî : Pwêêdi Wiimîâ) est une commune française de Nouvelle-Calédonie, située sur la côte Est de la Grande Terre en Province Nord.
La commune fait partie de l'aire coutumière Paici-Camuki.
Histoire
Le nom en paicî signifie littéralement « le cadet des Wiimîâ », ou Wiimîâ est un nom de clan que Jean Guiart et d'autres ethnologues identifient comme une partie des Mèwimèa de Kouaoua qui auraient migré vers le territoire de l'actuel Poindimié1.
La première mission est fondée dans la région par les pères maristes à Wagap en 1856. Elle est plus tard, en 1877, déplacée sur la rive droite de l'Amoa, à Tyè. Wagap accueille à la place des frères de l'Ordre cistercien de la stricte observance (« trappistes »), qui sont déplacés à la tribu de Tiwaka en 1889. Ce monastère est cependant fermé à la fin de cette année2. Les trappistes sont immédiatement relayés à Tiwaka par d'autres maristes, dont le père Stéphane Marie Berne (1856-1923), pour fonder l'« Œuvre (ou Asile) de Saint-Léonard » chargée de venir en aide aux forçats libérés3. La mission de Tyè, avec son école pour Mélanésiens et son église inaugurée en 1899, acquiert une grande influence sur les populations locales de Poindimié. Elle introduit la culture du café
Les premiers colons à réellement s'installer font partie des Créoles réunionnais arrivés en Nouvelle-Calédonie entre 1864 et 1880, à une époque où les Mascareignes entrent dans une période de crise économique, et notamment sucrière, en raison d'une succession de sécheresses et de maladies s'attaquant aux cannes à sucre. Appuyées par le gouverneur Charles Guillain, les familles viennent s'installer avec leurs « engagés », main d'œuvre de « Malbars » (en fait Indiens) ou de « Cafres » (descendants d'esclaves africains). Ils se répartissent sur de grandes propriétés à plusieurs endroits de l'île, notamment dans la vallée de la Tiwaka : Sicre de Fontbrune a quelque 2 200 ha entre Koné et Tiwaka. Seulement, les invasions de sauterelles et l'insurrection kanak de 1878 d'Ataï met fin à l'exploitation de la canne à sucre, à l'exception de quelques producteurs comme les Gillot L'Étang à la Tiwaka par exemple4. L'Asile Saint-Léonard de Tiwaka permet également de fixer dans la région des « Libérés » du bagne (et ce jusqu'au démantèlement des institutions de l'asile en 1920).
Mais le véritable mouvement de peuplement européen se fait dans le cadre de la « colonisation Feillet » : le gouverneur Paul Feillet décide en 1894 de « fermer le robinet d'eau sale » de la colonisation pénale et de lancer une vaste campagne de propagande en Métropole pour attirer des colons et y développer la culture du café sur des petites propriétés (de 10 à 50 ha en règle générale). L'un des sites retenus pour cette implantation est la vallée d'Amoa. En 1895, l'autorité coloniale annonce aux chefs d'Ina, de Tiéti et de Poindimié que leurs terres leurs sont retirés pour y installer des agriculteurs européens (les populations mélanésiennes de ces trois tribus sont déplacées sur des terres de l'administration pénitentiaire). S'ensuit, entre 1896 et 1900, une période de vives tensions entre les Kanak déplacés, soutenus par la mission de Tyè (au problème foncier s'ajoute à partir de 1899 la question du paiement de la capitation)6. Parmi les familles de « colons Feillet » d'Amoa à avoir fait souche figurent, par exemple, les Claudel, Létocart, Nurdin ou Soury-Lavergne. Un centre villageois avait été prévu, et délimité, à Tiéti, mais il n'est jamais occupé, les colons préférant se répartir sur leurs terrains. L'espace de colonisation dans la vallée d'Amoa a ainsi rapidement augmenté à partir de la fin du XIXe siècle : limité avant 1896 aux quelque 2 hectares détenus par la mission de Tyè depuis 1889, il passe à 183 ha attribués en 1899, 540 en 1901, 700 en 1904 et 788 à la fin de 1908. À cette date, une grande partie de la vallée aval de l'Amoa a été concédée à des colons. Par la suite, le mouvement continue de manière plus ponctuelle, vers les ravins latéraux (1907-1925 puis l'amont (1926-1965) et enfin accaparement des interstices entre les parcelles éparses de l'amont (1965-1975), et la superficie totale des propriétés privées européennes passe à 964,5 ha en 1925, 1 175 en 1945 et 1 245 en 1965 pour culminer à 2 093 ha en 1978. À un mouvement de concentration dans la première moitié du XIXe siècle (du fait que beaucoup des colons Feillet abandonnent leur exploitation en raison des nombreuses difficultés auxquelles ils doivent faire face) qui aboutit au partage quasi exclusif des concessions de la vallée de l'Amoa entre trois propriétaires seulement en 1950 (Antoine Soury-Lavergne avec plus de 423 ha dont toute rive gauche de la basse vallée et quelques têtes de pont sur la rive droite, Jean Devillers avec 698 ha et Eugène Letocart avec 257 ha, à quoi s'ajoute uniquement le lot de 13 ha d'Henri Dewez en amont), succède un émiettement entre 1950 et 1965 en raison des successions de ces trois propriétaires (Antoine Soury-Lavergne et Jean Devillers ont eu tous deux quatre fils qui se partagent leurs terres, seul Eugène Letocart laissant une propriété unie à sa veuve). Henri Dewez fonde de plus en 1945 les « Établissements de Poidimié » qui organise le lotissement de l'actuel village chef-lieu de Poindimié, sur la baie du même nom à l'est de la vallée d'Amoa : il se développe grâce à un désenclavement progressif (liaison routière avec Nouméa effectuée en 1954, construction du barrage de Povilla et de ponts sur la Tiwaka, l'Amoa et la Tchamba dans les années 1970, l'ouverture de l'hôpital en 1996 ou encore l'aménagement de la route transversale de la Koné - Tiwaka inaugurée en 2000).
L'extension des terres européennes continue jusqu'en 1978, à quoi s'ajoute une croissance démographique soutenue des Kanak après 1946, explique que Poindimié est un centre important de la revendication foncière mélanésienne qui se développe à partir des années 1970. Plusieurs cadres du « Groupe 1878 » (mouvement indépendantiste d'anciens étudiants kanak de la Grande Terre acquis aux idées du socialisme scientifique, fondé en 1971) viennent de cette commune (Francis Poadouy de la tribu d'Amoa, Paul Néaoutyine de Saint-Michel). C'est à la tribu d'Amoa qu'a lieu le congrès fondateur en mai 1976 du Parti de libération kanak (Palika), l'un des tout premiers mouvements politiques indépendantistes nés de la fusion du « Groupe 1878 » et des « Foulards rouges » loyaltiens de Nidoïsh Naisseline. Ensuite, le nom de « tendance d'Amoa » est donné à l'aile modérée et légaliste de ce parti, dirigée par Naisseline et Poadouy et qui finit par faire dissidence en 1981 pour créer le mouvement Libération kanak socialiste (LKS). Cette pression politique aboutit au lancement d'une réforme foncière à partir de 1978 : cela commence par l'acquisition par le Territoire des propriétés de Marie Soury-Lavergne et Eugène Devillers, qui servent à étendre les terres coutumières des tribus de Tiéti et Amoa. Puis, en 1980, Marc Devillers cède son domaine à un exploitant mélanésien, Jean-Luc Watanabé, tandis qu'en 1982 la Nouvelle-Calédonie entame le rachat des terrains de Fernand Devillers. Mais, dans le même, deux nouvelles concessions (ce seront les dernières) sont attribuées entre 1974 et 1979 dans l'Amoa supérieure pour les familles Obry, Masson et Morlet. Le total des propriétés européennes de la vallée d'Amoa sont ainsi retombées à 1544 ha en 19827. Durant la période des « Évènements » entre 1984 et 1988, Poindimié est le théâtre de plusieurs affrontements ou coups de force, dont surtout la prise en otages de dix gendarmes par des militants indépendantistes à Tiéti du 19 au 23 février 1988. Après que les militaires ont été relâchés, 15 indépendantistes sont arrêtés. (Wikipedia).
Arama,une des tribus de Poindimie
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